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30 juillet 2009

La Dernière Lettre...

J’avais pris ce pli…de vous écrire assez régulièrement, puis de vous joindre au téléphone sachant combien, il vous serait difficile de correspondre avec une main  que l’âge rendait récalcitrante. 

Voilà environ quinze jours, je suis passé en Avignon et je me suis gardé de vous stresser par une visite impromptue. Une fois rentré, je vous ai écrit vous promettant une visite au cours de l’été.
 
J’attendais un retour. Ce matin la mauvaise nouvelle est tombée, une nièce nous a fait savoir que vous aviez quitté tous les deux notre terre, à un ou deux jours d’intervalle ; Vos cendres ayant été dispersées au jardin du
souvenir de la Ville de Nîmes. Et nous aurions trouvé porte close si nous avions décidé autrement. 
 
Mon cœur s’est serré, mais je n’ai pas pleuré. Je savais que vous deux, plus que quiconque, aviez mérité ce bonheur éternel que sait construire l’amour. Alors, regardant là-haut je vous ai embrassés avec toute la tendresse de mon âme.
 
A vous deux qui voguaient maintenant sur l’onde que transportent les cieux… A vous que les vents ont conduit aux noces éternelles, où l’esprit et l’âme se disputent les caresses essentielles ; en ces lieux, où se porte le regard des hommes aux confins de la plaine, juste au dessus des épis de blé qui se gorgent d’azur… A vous deux, je dis au revoir, cher Georges et Chère Rosa. C’est fou la force d’un bonheur fragile que l’on partage. Quand l’un porte l’autre, tour à tour, c’est grand la force de l’amour en sauvetage quand, au terme d’une vie, la tendresse survit à l’injuste naufrage ; la conscience s’est hissée au faîte du sillage, elle attise une flamme que j’ai connue dans vos yeux. Demain j’écouterai les mots du silence qui sait tout raconter.
 
Vous n’aimiez pas les éloges, cher Georges ! Laissez – moi dire une dernière fois à tous que vous m’avez offert beaucoup de votre savoir, de votre amour pour les lettres et les arts en général, une passion que vous viviez avec Rose. Qu’ai-je aussi retenu de l’homme ? Vous étiez épris de justice,  hautement conscient de votre rôle d’enseignant et d’éducateur.

Un être de conviction, engagé, responsable dans ses choix, accessible, et, par-dessus tout modeste.   
 
J’ai eu le privilège infini de vous retrouver loin des plages du Nord, dans la cité des Papes, après plus de quarante cinq ans. Un hiatus de taille ? Vous n’aviez pas changé. Moi, je joue à l’écrivain. A notre dernière visite je vous ai lu un poème à haute voix. Je n’oublierai jamais votre émotion et vos commentaires justes et encourageants. 
 
Aujourd’hui, vous voilà envolés. Ensemble, bien sûr ! Ma femme vous témoignait aussi une tendre affection, nous ne vous oublierons pas. Je garderai votre dernière lettre tel un viatique. Allez ! Que l’univers éternel vous
berce maintenant. 
 
Pierre et Thérèse, reconnaissants.
 
Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi ! (Saint Exupéry)
 
 
Pierre WATTEBLED à son professeur de français et à sa femme Rose, décédés.

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